La realpolitik a bon dos. Alors qu’il est de bon ton depuis quelques années de trier les bons et les mauvais interlocuteurs à l’international, aux noms des valeurs humanistes occidentales, la France a décidé de tendre une main à Ahmed al-Charaa. Le chef de l’État devrait recevoir le président par intérim de la Syrie à l’Élysée ce mercredi 7 mai. Une rencontre diplomatique dans un contexte compliqué, tant le successeur de Bachar el-Assad présente un profil islamiste sulfureux. Emmanuel Macron a même dû demander à l'ONU d'accorder au leader du HTC, présent sur ses listes de sanctions pour terrorisme, une exemption de quelques heures pour lui permettre de se déplacer jusqu’à Paris.

Toujours selon Europe 1, qui a consulté une note des services du renseignement américain, Ahmed al-Charaa, de son véritable nom Abou Mohammed al-Joulani, reste dans le viseur de l’Oncle Sam, qui ne croit guère en sa reconversion en modéré. Son passé de djihadiste lui colle à la peau. Et le manque de pluralité au sein des postes de pouvoirs, qui sont majoritairement occupés par des proches du président par intérim, lui vaut des critiques. Les États-Unis s’inquiètent par ailleurs de le voir distribuer « à tout-va » des passeports syriens aux anciens djihadistes étrangers.

Côté Élysée, on tente de déminer la polémique. La rencontre entre Emmanuel Macron et Ahmed Al-Charaa « s’inscrit dans la continuité de l’engagement historique de la France pour les Syriennes et les Syriens qui aspirent à la paix et à la démocratie ». Dans un communiqué, le palais explique qu’Emmanuel Macron en profitera pour rappeler « ses exigences vis-à-vis du gouvernement syrien, au premier rang desquelles la stabilisation de la région et notamment du Liban, ainsi que la lutte contre le terrorisme, enjeu de sécurité pour les Syriens, pour tous les habitants de la...