Pape François : la gauche touchée par la grâce
CONTRIBUTION / OPINION. L’adoubement total ou partiel du pape François par une grande partie de la gauche pose une question qui en dit autant de l’un que de l’autre : François Bergoglio était-il de gauche ou bien est-ce la gauche qui s’est révélée papiste ?
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Ainsi donc, le pape François est désormais reconnu comme une référence par la gauche. Cette gauche, ontologiquement anticléricale, lui a pourtant rendu un hommage unanime, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Tondelier. À part un léger bémol au sujet des drapeaux en berne. À l’unisson, la presse, de Libération au Monde en passant par The Guardian et le New York Times, a elle aussi procédé à l’onction progressiste du pape François.
En réalité, était-ce le pape qui était de gauche ou la gauche qui s’est révélée papiste ? Certes, les engagements du pape en faveur des pauvres et des migrants, sa critique du monde de l’argent, son engagement pour la paix ou le climat ne pouvaient que trouver grâce aux yeux des « progressistes ». Mais la résonance entre ces thèmes et la gauche ne saurait occulter la fidélité absolue du pape François au dogme du « Tu ne tueras point », se traduisant par ses positions contre l’avortement, la contraception et l’euthanasie ? Il en est de même pour son engagement pour la famille ou sa position sur le célibat des prêtres. Cependant, ses déclarations sur l’accueil inconditionnel des migrants, le dérèglement climatique et la paix auront suffi à en faire une icône de gauche au prix d’un strabisme réducteur.
Cet adoubement, par la gauche, a même poussé certains à tenter une démarche cathartique. Pour séparer le bon grain de l’ivraie, il fut donc de bon ton de se gausser des hommages de Donald Trump et de Vladimir Poutine, tout en s’abstenant de commenter ceux rendus par la Syrie, l’Iran, l’Irak, l’Arabie saoudite ou la Turquie, dont on connaît la bienveillance à l’égard des chrétiens d’Orient. L’Afghanistan ayant au moins eu la cohérence de son silence. On prit aussi pour argent comptant l’hommage du brésilien Lula, mais en prenant le soin d’insister sur le délai...